Mark-André Macao
29 Septembre, 2025
La population noire, originaire d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et de la Caraïbe est issue d’un système colonial appelé « traite atlantique ». Aujourd’hui, en tant qu’Afro-descendant, nous sommes les descendants des survivants de ce commerce organisé. Ce système, qui a duré environ 400 ans, a été mis en place par les monarchies portugaises, espagnoles, britanniques, françaises et néerlandaises, afin d’orchestrer et de financer la colonisation d’un continent tout entier.
Au début de la colonisation, les populations de ce continent appelé Nouveau Monde (voir la liste) ont été chassées de leurs terres. Qualifiés de sauvages par les colons, ils étaient tués ou mis en esclavage. Certains mourraient massivement, à cause des affrontements, du travail forcé et de maladies transmises lors d’épidémies de contact. D’autres fuyaient ou rendaient leur capture difficile. Dans certains territoires très vastes, les populations indigènes étaient bien trop dispersées pour organiser efficacement leur mise en esclavage. Toutes ces problématiques ont poussé les Européens à repenser leurs projets de colonisation, afin de rendre possible l’exploitation de ces nouvelles terres. Entre autres, ils étaient sur le point de donner vie à un commerce qui plongera le monde dans une spirale capitaliste dénuée de bons sens, qui nous oppresse encore aujourd’hui.
Ainsi, entre le XVe et le XIXe siècle, nos ancêtres africains ont été séparés de leurs foyers et utilisés comme main-d’œuvre pour servir les projets d’expansion coloniale de ces monarchies. On parle d’environ 12 millions d’Africains déportés, triés et répartis sur tout le continent américain selon les besoins des colons. En particulier dans les zones en manque de main-d’œuvre ou difficiles à exploiter. Au fil du temps, et en fonction du lieu de déportation notamment, nos ancêtres africains ont fait de ces territoires colonisés un nouveau foyer.
Dans cet article, je parle d’Afro descendant, parce que ça me concerne directement. Mais l’histoire coloniale du continent américain est riche et il est important de s’intéresser à chaque histoire. Bien que la déportation de populations noires ait été moins importante dans certaines régions, elles ont quand même été victimes de la colonisation. Ces régions, aujourd’hui des pays, portent jusqu’à maintenant un héritage européen à travers leurs religions, leurs langues…
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HUMAN
Il est parfois difficile de comprendre les origines, la culture, le mindset d’une personne ou d’une communauté. Parce que ces choses sont l’addition d’une histoire écrite par leurs ancêtres, et d’une histoire personnelle : un vécu, un quotidien. Une addition qui façonne le style de vie, les passions, l’art, les émotions d’une personne ou d’un groupe.
L’incompréhension, au-delà de la simple interrogation, c’est comme une barrière entre deux mondes. Deux points de vue différents, deux idéologies différentes, qui n’arrivent pas à coexister tant elles s’opposent. Ce sentiment peut devenir un poids quand on est traité différemment ou jugé, sans que les auteurs aient conscience du mal ou du malaise engendrés. Ou quand les inégalités, les injustices, les erreurs du passé alimentent sans cesse celles du présent. C’est comme vivre dans une fatalité organisée, au milieu d’injustices invisibilisées et perçues comme une norme.
C’est pourquoi il est important de connaître et de partager son histoire, afin de la défendre quand elle est remise en question ou minimisée à travers l’impact qu’elle pourrait avoir sur nous. Pour cela, j’ai structuré ma narrative en trois points majeurs, souvent sources d’incompréhension.
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ORIGINS
Aujourd’hui Américains, Sud-Américains, Caribéens. Ou encore, Trinidadiens, Brésiliens, Cubains, Barbadiens… Ou peut-être originaires de Jamaïque, de Louisiane, de Guadeloupe, de Sainte-Lucie… Ces marqueurs d’identité sont infinis, ils nous ramènent et nous lient à vie aux lieux qui ont vu grandir nos ancêtres les plus proches.
Anglophones, hispanophones pour certains, francophones, lusophones pour d’autres. En tant qu’Afro descendant, c’est notre histoire coloniale et post coloniale qui a déterminé nos origines actuelles. Une histoire unique, écrite par nos ancêtres et dictée par les lieux de déportation, les langues adoptées, le mélange des populations, plus tard les migrations de travail… Toutes ces variables forment notre identité en tant que personnes, et plus largement en tant que communauté.
Au fil du temps, les populations noires, indigènes et blanches, ainsi que toutes les migrations qui ont suivi, se sont mélangées. Un mélange, différemment en fonction des histoires. En Amérique du Nord par exemple, les mélanges portent une lourde histoire : après l’esclavage, des idéologies ségrégationnistes ont longtemps gardé les communautés séparées. Plus tard, quand la ségrégation a pris fin, dans un pays où la population blanche était plus importante en nombre qu’ailleurs, les métissages se sont accentués. Pour autant, les effets de la ségrégation restent visibles jusqu’à maintenant. En Amérique du Sud, les idéologies coloniales et religieuses, répandues en masse, ont encouragé la « supériorité blanche ». Les populations se sont mélangées, mais ces idéologies ont entraîné un système de classes sociales basé sur la couleur de peau. Pour finir avec les origines, parlons d’un évènement post traite important : les migrations de travail.
À la recherche d’une vie meilleure, beaucoup de nos parents sont partis travailler et s’installer loin de chez eux. Cette immigration d’opportunité a démarré dès la fin de l’esclavage et continue encore aujourd’hui. Partir, parfois par vagues, pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Canada… leur permettait de fuir certaines difficultés tout en répondant à un besoin de main-d’œuvre, souvent pour des métiers subalternes. Des figures comme Basquiat, Malcolm X et tant d’autres sont les enfants de cette immigration.
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CULTURE
La répartition du continent américain par les Européens a été source de nombreux conflits. Elle a aussi contribué à définir les frontières actuelles. Ces territoires sont aujourd’hui des États, des pays, des îles aux frontières tracées par la colonisation. Cette fragmentation des territoires et l’histoire de chaque région a non seulement décidé de nos origines, mais a aussi influencé la construction de nos cultures actuelles. Aujourd’hui, en fonction des régions, les cultures sont souvent très différentes, ou à l’inverse très similaires. Des cultures développées par une histoire coloniale, écrite en parallèle d’un contexte et des difficultés endurées. Héritage ancestral, origine du colon, nature du travail imposé, conditionnement et règles imposées, plus tard le mélange de cultures… Toutes ces variables sont au cœur de nos cultures et influencent aussi souvent nos sensibilités artistiques, culinaires, musicales. Exemple marquant qui a eu un impact direct sur la culture afro-américaine : l’exploitation du coton.
Nos ancêtres africains venaient de différents peuples, c’est pour cela que par endroits, on retrouve différentes racines africaines dans nos cultures. En arrivant sur ces nouvelles terres, ils ont perpétué leur héritage qui était pour eux une façon de rester connectés à l’Afrique. Une mémoire africaine transmise à travers des rythmes, des danses, des instruments, des coutumes, des langues et des aliments, puis mêlée à d’autres au fil du temps. Des exemples comme la Bomba, le gwo ka, la capoeira sont des cultures avec de fortes racines africaines, développées pendant l’esclavage. La rencontre et le mélange des cultures africaines, autochtones et européennes…, c’est sans doute le point le plus important, ou qui explique le mieux la diversité culturelle qu’on retrouve sur le continent américain. Mais je ne vais pas le développer, parce qu’il est bien trop profond, complexe et constamment en évolution. Un mélange presque omniprésent dans nos cultures actuelles, qui a commencé déjà pendant l’esclavage et qui s’est plus largement développé par la suite. Des mélanges spontanés, créatifs, ou réfléchis pour instaurer un héritage commun.
Dans les colonies, des règles, des conditions de vie et des conditions sociales étaient instaurées en fonction des maîtres ou des lois. Cela restreignait les esclaves dans leur quotidien et limitait leurs possibilités. Ils ont dû s’adapter et faire preuve de créativité pour pallier ce conditionnement. Plus tard, après l’esclavage, et même dans nos sociétés modernes, on retrouve ce schéma de créativité né d’un manque de liberté. La capoeira, le gospel, le steelpan, le jazz, le hip-hop… Un conditionnement qu’on retrouve aussi à travers la cuisine, avec la Feijoada brésilienne par exemple, plat inspiré des repas d’esclaves qui cuisinaient des haricots avec les restes de viande des maîtres. Ultime exemple d’une créativité vitale, en dépit des conditions de vie accordées.
La culture, dans un sens plus large, c’est ce qu’on partage de plus cher avec notre communauté. Des valeurs, des habitudes, des passions, des modes de vie… un ensemble de choses propres à nous, qui nous rassemblent, nous lient et que l’on doit à notre histoire commune. Des choses parfois jugées ou interprétées différemment chez les autres. Aimer les bijoux que l’on porte au cou, par exemple.
La culture, c’est aussi un héritage que nous ont laissé nos ancêtres et que nous laisserons aux futures générations. L’intérêt de chacun est donc d’honorer cet héritage et de participer à le faire évoluer positivement, « c’est pour la culture ! ». En tant que communauté, nous faisons face aux mêmes réalités et aux mêmes combats, ce qui inspire créativement certains. Le talent des communautés à l’origine du jazz, du rap, du dancehall ou du reggae vient de leur volonté de raconter leurs histoires et de dénoncer les injustices profondes de leur quotidien. Pour eux, c’était le moyen d’exprimer et de partager leur état d’esprit, leur quotidien et leurs espérances à travers la musique. Cette originalité et cette totale liberté que l’on retrouve dans leur art et leur mode de vie incarne l’authenticité de ces cultures. Une créativité et un génie que l’on peut retrouver dans toutes les formes d’art possibles et qui contribuent à enrichir sans cesse le legs que nous laisserons derrière nous. Si on garde l’exemple de la musique : le R&B, la salsa, le merengue, la samba, le reggaeton, le zouk, le kompa… Une liste infinie qui montre que la vie a triomphé, et que de cet épisode de l’Histoire sont nés des êtres humains inspirés et inspirants.
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MINDSET
Pour répondre à un système oppressant, nous avons mené à travers des révoltes, des luttes et divers mouvements ou philosophies de nombreux combats pour notre émancipation. Parmi les plus connus : la victoire et l’indépendance d’Haïti, le Civil Rights Movement, le panafricanisme, le rastafarisme… Un état d’esprit d’émancipation cultivé depuis l’esclavage, avec le marronnage ou « runaway slaves » aux États-Unis, qui nous permet aujourd’hui d’être considérés différemment que nos ancêtres.
Les idéologies à la base de la colonisation et de la traite justifiaient la domination par la supériorité raciale. Mélangées à la folie des grandeurs, face à ces nouvelles terres et leurs ressources abondantes, l’immoralité a pris le dessus, préférant l’exploitation humaine et mentale au génocide d’origine. La traite atlantique s’organise, c’est à partir de ce moment que le capitalisme change de dimension : il devient déraisonné puis peu à peu source de compétition et de tensions mondiales. Au fur et à mesure, la supériorité raciale est contestée et n’a plus lieu d’être. Elle change de motif, justifiant alors la domination par la supériorité économique. Vous êtes libres, mais vous êtes pauvres ! Vous n’avez pas de terre à cultiver, ni de maison… mais travaillez et vous serez payés.
Les sociétés ont évolué, tout homme est devenu esclave de l’argent, et nous, esclaves de l’argent et de notre passé. Un passé qui nous maintient collectivement dans une position de dominés et d’étrangers. Alors même que nous avons participé à construire l’hégémonie de ces pays sur le monde, en mettant de côté notre propre développement et en retardant ainsi notre souveraineté intellectuelle, industrielle… Une première fois avec l’esclavage, puis avec les migrations de travail successives vers les métropoles.
La dépendance à l’argent et les opportunités limitées instaurent une compétition, mettant beaucoup en marge de la société, souvent les mêmes. L’argent divise, nous définit socialement, creusant alors davantage l’inégalité des chances, une fatalité se dessine. Accusés d’instaurer l’insécurité, les profils mis en marge deviennent des cibles… une boucle infernale qui nous oppresse tous aujourd’hui, et encore plus les communautés victimes de leur passé.
Un résumé qui démontre assez bien que le système a été construit sur des bases de domination, qui n’ont jamais vraiment disparu. Nous sommes libres aujourd’hui mais ce n’est qu’une illusion de liberté et d’égalité. En somme, nos ancêtres se sont toujours battus pour notre émancipation, ils étaient inspirants dans leur recherche de justice et de liberté. Ces combats forment un héritage et véhiculent un message qui peut se résumer ainsi :
« N’arrête jamais de te battre et de te dresser contre l’injustice ou contre un système oppressant. Sois fier de ton histoire, de qui tu es. Bats-toi pour ton émancipation, dressez-vous ensemble, car l’union fait la force. Continue de créer, même si le système fait tout pour t’en empêcher. Utilise ton histoire comme motivation, mais ne la laisse pas te dicter ton futur. Rien ne sera facile, mais tout ce que tu fais, fais-le avec passion. »
© Mark-André
Mark-André Macao
September 29, 2025
The Black population rooted in North America, South America, and the Caribbean exists because of a colonial system called the Atlantic slave trade. Today, as Afro-descendants, we are the descendants of the survivors of this organized commerce. This system, which lasted for about 400 years, was created by the Portuguese, Spanish, British, French, and Dutch monarchies to orchestrate and finance the colonization of an entire continent.
At the dawn of colonization, the peoples of this so-called “New World” (see list) were driven from their lands. Labeled “savages” by colonizers, they were killed or enslaved. Many died en masse from conflicts, forced labor, or diseases carried by contact epidemics. Others fled or made capture difficult. In vast territories, Indigenous populations were too dispersed to be enslaved efficiently. All of these challenges forced Europeans to rethink their colonial projects in order to make the exploitation of these lands possible. Among other things, they gave birth to a commerce that would plunge the world into a senseless capitalist spiral, one that still oppresses us today.
Between the 15th and 19th centuries, our African ancestors were torn from their homes and used as labor for colonial expansion. Around 12 million Africans were deported, sorted, and scattered across the Americas according to the colonizers’ needs, especially in regions lacking labor or difficult to exploit. Over time, depending on the place of deportation, our ancestors transformed these colonized lands into new homes.
In this article, I speak of Afro-descendants because it concerns me directly. But the colonial history of the Americas is vast, and each story deserves attention. Even in regions where the deportation of Black populations was less significant, they were still victims of colonization. These regions, today independent countries, still carry European legacies in their religions, their languages…
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HUMAN
It is sometimes difficult to grasp the origins, the culture, the mindset of a person or a community. Because these are the sum of two stories: the one written by their ancestors, and the one lived personally, a daily existence, a lived reality. Together, they shape the lifestyle, the passions, the art, the emotions of a person or a group.
Misunderstanding, beyond a simple question, is like a barrier between two worlds. Two different visions, two different ideologies, unable to coexist because they stand in opposition. This feeling can become a burden when you are treated differently or judged, without the authors realizing the harm or discomfort they cause. Or when inequalities, injustices, and mistakes of the past keep feeding those of the present. It is like living in an organized fatality, surrounded by injustices made invisible, perceived as normal.
That is why it is essential to know and share our history, so we can defend it when it is questioned or minimized, and so we can show the impact it still has on us. For this reason, I have structured my narrative into three major points, often sources of misunderstanding.
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ORIGINS
Today we are Americans, South Americans, Caribbeans. Or perhaps Trinidadians, Brazilians, Cubans, Barbadians. Or maybe from Jamaica, Louisiana, Guadeloupe, Saint Lucia. Identity markers without end, binding us forever to the places where our closest ancestors lived and grew.
Some are Anglophones, others Hispanophones, Francophones, or Lusophones. As Afro-descendants, it is our colonial and postcolonial history that has shaped our present-day origins. A unique story, written by our ancestors and dictated by the places of deportation, the languages imposed and adopted, the mixing of populations, and later, migrations of labor. All these variables shape our identities as individuals, and more broadly as a community.
Over time, Black, Indigenous, and white populations, along with waves of migration that followed, have mixed. But the story of these mixtures differs across regions. In North America, for example, mixing carries a heavy legacy. After slavery, segregationist ideologies kept communities apart for decades. Later, when segregation ended, in a country where the white population was far greater than elsewhere, intermixing increased. Yet the scars of segregation remain visible today. In South America, colonial and religious ideologies widely spread the belief in “white superiority.” Populations mixed, but these ideologies created a social hierarchy based on skin color. And then came another key chapter, post-slavery: labor migrations.
In search of a better life, many of our parents left to work and settle far from home. This immigration of opportunity began at the end of slavery and continues today. Departing, sometimes in waves, for the United States, the United Kingdom, France, Canada, allowed them to escape hardship while answering a demand for labor, often in low-status jobs. Figures like Basquiat, Malcolm X, and so many others are children of this migration.
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CULTURE
The division of the American continent by Europeans was a source of many conflicts. It also drew the borders we know today. These territories became states, nations, islands, boundaries carved by colonization. This fragmentation, along with the history of each region, not only determined our origins but also shaped our cultures. Today, depending on the region, cultures may differ greatly or, at times, appear very similar. Cultures born from a colonial history, written in parallel with the context and hardships endured. Ancestral heritage, the origin of the colonizer, the nature of imposed labor, rules and restrictions, later cultural blends. All these variables lie at the heart of our cultures and often shape our artistic, culinary, and musical sensibilities. A striking example that directly shaped African American culture: cotton exploitation.
Our African ancestors came from many different peoples, which is why in some places we find multiple African roots in our cultures. On these new lands, they carried forward their heritage, a way of staying connected to Africa. A memory transmitted through rhythms, dances, instruments, customs, languages, foods, later blending with others over time. Examples like Bomba, Gwo ka, and Capoeira are deeply African-rooted cultural forms, developed during slavery. The encounter and fusion of African, Indigenous, and European…, cultures is perhaps the most important factor explaining the immense cultural diversity across the Americas. But I will not expand here, it is too deep, too complex, too alive and ever-changing. What matters is this: blending is almost omnipresent in our cultures today. It began during slavery and has continued to flourish since, sometimes spontaneous, sometimes deliberate, always creative, often meant to build a common legacy.
In the colonies, daily life and social conditions were imposed by laws or by masters. Slaves were restricted in every way, limited in their possibilities. They had to adapt, to create new ways of living within this confinement. Later, after slavery, and even in our modern societies, this same pattern of creativity born from lack of freedom continued. Capoeira, gospel, steelpan, jazz, hip-hop… A conditioning also found in food, with Brazilian Feijoada for example, a dish inspired by the meals of enslaved people who cooked beans with the leftover meat of their masters. The ultimate example of vital creativity, in spite of the conditions imposed.
Culture, in a broader sense, is what we share most dearly within our community. Values, habits, passions, ways of life… a collection of things unique to us, that gather us, bind us, and that we owe to our common history. Things sometimes judged or interpreted differently by others. Loving the jewelry we wear around our necks, for example.
Culture is also a heritage left to us by our ancestors, and one that we will pass on to future generations. Each of us has the duty to honor this heritage and to help it evolve positively, “it’s for the culture!” As a community, we face the same realities and the same struggles, which creatively inspire some. The talent of the communities that gave birth to jazz, rap, dancehall, or reggae comes from their will to tell their stories and denounce the deep injustices of their daily lives. For them, it was a way to express and share their mindset, their daily reality, and their hopes through music. This originality and this freedom found in their art and their way of life embody the authenticity of these cultures. A creativity and genius that can be found in every possible form of art, continually enriching the legacy we will leave behind. If we take the example of music: R&B, salsa, merengue, samba, reggaeton, zouk, kompa… An endless list that proves life has triumphed, and that from this chapter of History arose human beings both inspired and inspiring.
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MINDSET
To resist an oppressive system, we fought through revolts, struggles, movements, philosophies, countless battles for our emancipation. Among the best known: the victory and independence of Haiti, the Civil Rights Movement, Pan-Africanism, Rastafarianism. A spirit of emancipation cultivated since slavery itself, with marronage, or “runaway slaves” in the United States, which allows us today to be regarded differently than our ancestors.
The ideologies at the root of colonization and slavery justified domination by racial superiority. Mixed with a lust for grandeur, faced with new lands and their abundant resources, immorality took over, choosing human and mental exploitation instead of outright genocide. The Atlantic slave trade took shape, and from that moment capitalism changed dimension. It became unreasonable, then gradually a source of global competition and tension. Over time, racial superiority was challenged and could no longer hold. It shifted, justifying domination instead through economic superiority. You are free, but you are poor! You have no land to cultivate, no house, but work, and you will be paid.
Societies have evolved, every man has become a slave to money, and we, slaves to money and to our past. A past that collectively keeps us in a position of the dominated and the foreign. Even though we took part in building the hegemony of these countries over the world, setting aside our own development and delaying our intellectual and industrial sovereignty. First with slavery, then with successive waves of labor migrations to the metropoles.
Dependence on money and limited opportunities created competition, pushing many to the margins of society, often the same ones. Money divides, defines us socially, deepens inequality of opportunity. A fatality takes shape. Accused of bringing insecurity, those on the margins become targets. An infernal cycle that oppresses us all today, and even more those communities still haunted by their past.
A summary that shows clearly how the system was built on foundations of domination that never truly disappeared. We are free today, but it is only an illusion of freedom and equality. In truth, our ancestors always fought for our emancipation. They were inspiring in their relentless search for justice and freedom. These struggles form a heritage, carrying a message that can be summed up like this:
« Never stop fighting and standing against injustice or against an oppressive system. Be proud of your history, of who you are. Fight for your emancipation, rise together, for unity is strength. Continue to create, even if the system does everything to stop you. Use your history as motivation, but never let it dictate your future. Nothing will be easy, but everything you do, do it with passion. »
© Mark-André